À première vue, ressortir les paillettes et les pattes d’eph’ peut ressembler à une lubie de revival nostalgique. Mais si t’as l’œil, tu vois vite que le style disco façon seventies ne revient pas juste pour faire joli. Il s’infiltre dans la rue, les festivals, les soirées… et il n’a rien perdu de son énergie crâneuse. Mieux : il s’enrichit d’un truc en plus. Une touche rebelle qui dépoussière la panoplie de Travolta sous boule à facettes. On fait le tri ensemble ?
Pourquoi ça revient ? Parce que ça n’est jamais vraiment parti
Le disco, on l’a enterré 100 fois. Trop clinquant, trop excessif, trop tout. Mais depuis quelques saisons, les marques – grosses ou confidentielles – se remettent à jouer avec la démesure des années 70. Vestes lamées, chemises col pelle à tarte, bottines cubaines… mais portées version 2024. Moins poser, plus désabusé.
Ce n’est pas un hasard. Le monde est fatigué, on a bouffé du noir et du normcore pendant 10 ans. Le besoin de vibrer, de briller un peu (même en mode second degré), se fait sentir. Mais attention, on ne copie pas, on s’approprie. Le disco d’aujourd’hui garde l’énergie du dancefloor mais lui greffe une attitude rock, parfois punk, souvent borderline. C’est ça qui nous intéresse.
Les basiques du vestiaire disco, version badass
Avant de parler d’accessoires ou de détails, faut poser les fondations. Voici les pièces phares du disco, à twister pour éviter le déguisement cheap :
- La chemise satinée ou en viscose : les imprimés psyché sont toujours là, mais choisis-les usés, un peu passés. Porte-la ouverte sur un marcel délavé ou à même la peau. Pas repassée. Jamais.
- Le pantalon flare : coupe évasée, taille haute, ourlet qui frôle la semelle des boots. Oublie le stretch, privilégie la toile rigide ou le velours côtelé. Couleurs crades bienvenues (sable, anthracite, moka).
- Le blazer oversize : esprit crooner qui a trop traîné en after. À la limite du froissé, épaules larges, matières nobles. Le porter avec nonchalance, t-shirt vintage en dessous.
- Les bottines à talon cubain : tant que t’es à l’aise pour danser et marcher. Le cuir doit vivre, craqueler, respirer. Evite le plastique qui brille.
Un seul principe : si t’as l’air trop propre, c’est raté. L’idée, c’est le mec qui a dormi sur une banquette de bus de tournée, mais en gardant une certaine classe. Style vieil habitué du Studio 54 qui en a vu plus qu’il ne raconte.
Les détails qui changent la donne
Tu veux que ton outfit ne ressemble pas à celui de ton pote qui s’est pointé à la soirée « années 70 » en polyester intégral ? Ce sont les finitions qui font la différence.
- Les lunettes fumées : pilotes, teinte jaune ou brune, indifférence intégrée. Porte-les même en intérieur. L’attitude fait 90% du look.
- Les chaînes fines : dorées, superposées, jamais trop brillantes. Comme volées à un oncle douteux ou récupérées dans un vide-grenier d’Ibiza.
- La ceinture large : boucle imposante, cuir patiné. Juste assez kitsch pour être culte, pas assez pour taper dans le too much.
- La touche léopard ou croco : sur un foulard, une chemise, un sac. Oui, même chez les mecs. Mais une seule touche, pas le total look panthère.
Garde à l’esprit que plus tu mixes les textures, mieux c’est. Le satin avec le cuir, le denim râpé avec de la soie, le velours avec un t-shirt troué… C’est ce choc qui donne du relief. Et évite le copier-coller d’une époque.
Une allure, pas un déguisement
Faut arrêter de croire que pour adopter un style, faut devenir un personnage. Le style disco, tu le portes si t’as capté ce qu’il veut dire : l’insolence assumée, le refus de se fondre dans la masse. Mais tu l’adaptes à ce que t’es aujourd’hui. Pas besoin de moustache collée ni de boule disco dans la poche.
Exemple : Nico, pote batteur dans un groupe garage de Bruxelles, a commencé à jouer avec des chemises à jabot trouvées au marché du Jeu de Balle. Mais au lieu de les porter façon cliché, il les marie avec des skinnys destroy, des converses customisées, et une vieille veste de costard militaire. Résultat : un look qui déboîte sans avoir l’air d’une parodie.
Ou encore Julie, DJette qui mixe dans des bars alternos à Anvers. Elle a chopé une combi lamée or chez un fripier à Lisbonne, mais elle la porte avec un perfecto noir craqué et des Dr. Martens. Iconique mais jamais lisse.
Où choper les bonnes pièces sans t’endetter ?
Pas besoin d’aller griller ton budget chez Gucci ou chez un vendeur vintage de luxe. Pour ce genre de look, plus c’est sale, plus c’est bien. Voici mes plans perso :
- Les friperies indépendantes : cherche celles qui bossent avec des dépôts-ventes de théâtre ou de scène. Tu y trouveras des pièces qui ont vécu, pas juste des invendus H&M façon vintage.
- Vinted, Videdressing, etc. : cible les recherches par matière (“satiné”, “velours”, “cuir craquelé”) ou par période (“années 70 authentique”). Et n’oublie pas : les fringues femme regorgent de trésors pour les mecs qui osent.
- Les marchés aux puces : surtout en voyage. Lisbonne, Berlin, Naples, Bruxelles même – fouille bien et discute avec le vendeur. Ils ont parfois des histoires folles sur les fringues qu’ils vendent.
- Les marques upcyclées : certaines labels pointus récupèrent des pièces vintage pour en faire des vêtement uniques. Pas donné, mais stylé ET éthique.
Acheter neuf ? Seulement si tu tombes sur une réédition bien faite ou sur une collab’ qui rend vraiment hommage à l’esprit disco rock. Et méfie-toi des contrefaçons du style : un col pelle à tarte mal coupé, c’est plus Halloween que Saturday Night Fever.
Un style qui s’assume, pas qui s’excuse
La plus grosse barrière entre toi et ce look, c’est pas ton dressing. C’est ton hésitation. Oui, tu vas attirer les regards si tu portes une veste dorée ou un pantalon flare. Et justement : profite-en.
Se pointer à une soirée avec une chemise qui brille, c’est pas dire « regardez-moi », c’est dire « je m’en fous de votre dress code autour de la honte molle ». C’est envoyer valser les codes cool qu’on nous impose – le minimalisme chiant, le casual obligatoire, le sombre pour les hommes, etc.
T’as envie de danser ? Ris un peu de toi-même ? Oser un truc trop grand, trop voyant, trop vivant ? Alors va-y, balance les paillettes. Mais balance-les bien.
Comme disait Sylvester, « You make me feel mighty real ». Et c’est ça, le vrai truc du style disco revisité : t’es pas là pour jouer un rôle, t’es là pour assumer ce que tu veux être, même si ça décoiffe.