Le maquillage sorcière : plus qu’un délire d’Halloween
On va pas se mentir : quand on dit “maquillage sorcière”, la plupart pensent costumes cheap de fin octobre, l’eyeliner dégoulinant façon ado rebelle, et les lentilles rouges achetées sur AliExpress. Bref, du déguisement au kilo, pas du style. Pourtant, derrière le cliché, il y a un terrain de jeu créatif bien plus vaste — et surtout un vrai potentiel pour affirmer son identité, envoyer valser les normes et afficher une dose de mystère ou de mordant à la demande. Pas besoin d’être Wicca puriste ou fan de Sabrina pour s’y mettre. Juste d’aimer frôler l’audace avec un bon smoky noir et une bouche prune bien plombée.
Pourquoi le style sorcière revient fort
On vit une époque saturée de filtres pseudo-naturels, de sourires bienveillants sous blush rose pastel et de discours lisses comme une salle d’attente chez l’ostéo. Forcément, tout ce qui s’oppose à cette normativité molle prend de la valeur. Le maquillage sorcière, lui, envoie autre chose : du pouvoir, du contrôle, de l’irrévérence. Quand tu claques un trait de liner comme une dague et que tu mates quelqu’un par-dessus un teint porcelaine et un regard fumé, t’affiches pas juste un look. Tu entres en scène.
Ça parle à tout un pan de la scène féminine alternative, mais pas que. Des célébrités pop comme Billie Eilish ou Doja Cat aux créateurs indépendants qui revisitent les runes en eyeliner, le style sorcière devient une esthétique affirmée, cohérente avec une génération qui ne veut plus se fondre mais percer l’écran. Puis, faut dire ce qui est : c’est aussi foutrement stylé. À condition de ne pas basculer dans le kitsch.
Les codes du maquillage sorcière (et comment les détourner)
Pas besoin de crinière verte ou de verrue collée au menton pour embrasser l’univers witchy. On parle ici de maquillage comme d’outil de narration. Voici les éléments qui composent cette esthétique — et comment les apprivoiser sans ressembler à une figurante de clip goth lambda.
- Les yeux dramatiques : Smoky eyes charbon, fards métalliques, eyeliner graphique ou effets velours sont les bases. On joue sur l’intensité. Si t’as peur d’en faire trop : commence avec une touche de noir sous l’œil et oublie la palette fluo pour le moment.
- La peau pâle (ou maîtrisée) : Ce look repose souvent sur une base bien travaillée. Teint clair pour accentuer le contraste, mais pas besoin de se décolorer à la craie. Une BB crème éclaircissante ou un fond de teint plus froid, légèrement plus clair que ta carnation habituelle, suffit.
- Les lèvres sombres : Prune, bordeaux, noir, brun violacé — une bouche foncée, mate ou brillante, c’est l’équivalent d’un riff de guitare lourd dans un morceau rock. Tu peux tempérer avec un contour flouté, façon morsure de vampire, ou y aller franc, version latex noir.
- Des touches occultes : Tracer un symbole discret au coin des yeux, poser des strass noirs façon constellation, jouer sur l’asymétrie — c’est là que ça devient personnel. Le maquillage sorcière se joue aussi dans les détails cachés qu’on découvre de près.
Trois looks pour différents niveaux d’audace
Pas besoin de te pointer à ton date ou au taf maquillée comme dans Midsommar pour t’approprier le style. Voici trois variations, selon ton envie du moment, ou ton degré de patience devant le miroir.
- Le look “cafés nocturnes” : Teint neutre, mascara poussé, un trait de liner noir épais qui s’allonge façon œil de chat épuisé mais déterminé, et un rouge à lèvres prune flouté au doigt. Parfait pour un samedi soir où tu joues le mystère sans provoquer.
- Le look “au sabbat mais stylée” : Smoky eyes dans les tons cuivrés, liner en arabesques ou à effet taches d’encre, highlighter froid sur les pommettes. On ajoute une bouche bois de rose sombre ou chocolat mat. Idéal pour les concerts indés ou les expos barrées.
- Le look “je jette des sorts sur ton feed Instagram” : Teint très pâle (presque spectral), fards violets ou noirs tirants vers vert sapin, lèvres noir vinyle avec contour net et finition miroir. On termine avec une touche de fard argent au centre de la paupière et un petit bijou collé sous l’œil. Là, on joue carte totale assumée. Pas pour aller à Lidl (ou alors, pourquoi pas ?).
Trouver les bons produits sans se ruiner
Pas besoin de bouffer ton budget fringues pour t’équiper. Quelques marques accessibles ont pigé l’esthétique sans tomber dans le cheap trop Halloween.
- Essence et NYX : Pour les rouges à lèvres foncés, les liners colorés et les palettes pigmentées pas baveuses. Bon rapport qualité-prix.
- KVD Beauty (ancienne Kat Von D) : Un cran au-dessus, vegan, cams hyper pigmentées. Leurs crayons noirs tiennent plus qu’un job alimentaire.
- ColourPop : Excellent pour les fards un peu osés (tons métalliques, duo-chromes, etc.). Pas cher, bon rendu, mais faut assumer.
Et pour les accessoires (pinceaux pointus, miroirs de sorcière, strass ou tattoos temporaires), pense à fouiller les shops alternatifs en ligne, ou même les marchés goth d’occasion. Y’a de vraies pépites, surtout si tu veux éviter les productions industrielles.
Quelques précautions avant de se lancer tête la première
Petit rappel pour les enthousiastes : un maquillage intense, surtout sombre, demande une peau préparée (même basique : nettoyant, hydratant et base si possible). Sinon, bonjour les ridules amplifiées et les zones sèches qui peluchent.
Et retire bien ton maquillage le soir. Le noir carbone, c’est classe sur l’œil, beaucoup moins sur ta taie d’oreiller. Huile démaquillante ou lait très gras obligatoire. Même les sorcières respectent leur peau. Ou du moins, celle du lendemain.
Ce que ce style dit de toi, vraiment
Porter du maquillage sorcière, c’est plus qu’un code visuel : c’est une façon d’envoyer un message silencieux mais limpide — je prends la place, je sais ce que je veux, j’ai pas besoin d’approbation. C’est pas forcément un rejet du sexy ou du féminin. C’est juste une autre forme. Celle où l’on choisit d’être celle qui regarde, pas celle qui attend d’être regardée.
Et au final, qu’on te croise à une soirée underground à Berlin, dans une friperie à Bruxelles ou à côté de la machine à café de ton open space sous néon blafard, ton maquillage façon sorcière peut devenir un totem. Celui qui dit : je me maquille pas pour plaire, je me maquille pour marquer. Même si c’est juste mes paupières noires et mon gloss figue qui parlent.
Pour aller plus loin (sans se prendre au sérieux)
Tu veux t’immerger dans cette esthétique sans y aller coûte que coûte ? Voici quelques pistes façon “que ferait Morticia Addams un dimanche aprem” :
- Écoute Chelsea Wolfe ou Zola Jesus pendant que tu te maquilles.
- Feuillette un vieux magazine de tatouage ou un fanzine punk des années 90.
- Essaie un sort de protection… ou un tutoriel pour un liner inversé.
Oublie les trucs trop propres ou trop pensés. Le maquillage sorcière, c’est justement là pour foutre un peu de trouble dans les lignes. Rester ultramaîtrisé tout en semblant hors de contrôle. Comme une disto bien dosée sur un riff. La classe obscure, mine de rien.