Bruxelles, terrain de chasse du style vintage
Bruxelles n’est peut-être pas la capitale mondiale de la mode, mais pour qui sait fouiller, c’est un vrai terrain de jeu. Du Marolles à Ixelles, les friperies fleurissent et planquent des pièces qui pourraient sortir tout droit d’un clip de Bowie ou d’un concert des Stooges. Et ici, on parle pas de fringues vintage hors de prix dans une boutique bobo qui sent le néon. On parle de vraie fripe : du cuir qui a vécu, du denim râpé où chaque accroc raconte une histoire, et des chemises psyché qui crachent la décadence des 70’s.
Envie de chiner comme une rock star ? J’ai fait le tour des meilleures adresses bruxelloises où on peut gratter du style sans exploser la carte. La sueur du rock et le flair textile en bonus.
Les Marolles : le grand classique rock’n’roll
On va pas se mentir, si t’as qu’un seul après-midi pour fouiner, file direct aux Marolles. Quartier populaire, un brin crado, parfait pour y dénicher des pépites. On commence avec l’institution :
- Foxhole (Rue des Renards 6) – Ambiance poussière et skaï, ici c’est de la vraie came. Fringues 50’s à 90’s, beaucoup de cuir, perfecto, bottines pointues, Levis rincés. J’ai chopé une veste militaire allemande retravaillée un jour glacé de novembre. Je la porte encore quand je veux me la jouer Iggy à Berlin.
- Think Twice (Rue Haute) – Cette chaîne belge propose du vintage au kilo. Renouvellement régulier, prix plancher. Idéal pour rafler un lot de chemises western ou des pulls greens & browns très Neil Young période Harvest. Attention, faut fouiner. Beaucoup de bruit pour une poignée d’or.
Le marché aux puces de la Place du Jeu de Balle, juste à côté, ouvre tous les jours. Tôt le matin pour les vrais braconniers du style. Énormément de bricoles, mais parfois un perfecto à 20 balles ou une veste en jean oversize 80’s se cache dans un tas sans âme.
Ixelles : plus léchée, mais pas (encore) aseptisée
Ixelles, c’est un autre trip. Plus propre sur elle, moins bordélique que les Marolles, mais encore assez roots pour sentir la clope froide en sortant des friperies. Et côté vintage, ça envoie du style :
– Une autre chaîne, néerlandaise celle-là. Bien organisée, presque trop pro. Mais ils ont du flair : chemisiers 70s, robes à fleurs façon Patti Smith cover de Horses, parkas militaires, Converse usées nickel. Prix plus hauts, mais sélection plus safe. - Melting Pot Kilo (Rue Américaine 87) – Concept au kilo aussi. Plus roots que Think Twice. Un bon plan pour les cuirs, et des lunettes de soleil rétro presque outrancières. 80 balles et t’as un look complet de bassiste proto-punk.
Dans ce coin, tu croises autant de jeunes stylistes que d’étudiants fauchés. L’ambiance est détendue, moins foutraque. Mais la sélection reste rock-compatible. Bon à savoir : certains spots offrent des réductions le dernier week-end du mois. À vérifier, mais ça vaut souvent le coup.
Schaerbeek et Saint-Gilles : les trésors planqués
Faut sortir un peu des sentiers battus pour tomber sur les vraies pépites. À Saint-Gilles et Schaerbeek, les friperies ont un charme brut, souvent gérées par des passionné(e)s qui trient eux-mêmes pièce par pièce. Le genre d’adresse où t’as plus de chances que la vendeuse s’y connaisse en Ramones qu’en dernières collabs Supreme x Balenciaga.
- Bruno (Chaussée d’Alsemberg 113) – Ici, c’est rock pur jus. Des boots usées, des t-shirts de tournée (plus ou moins officiels), des lunettes de camionneur et plein de vestes à franges. Les murs sont tapissés de cassettes et d’affiches de concerts. T’as même droit à la playlist grunge qui va avec.
- Les Petits Riens (Rue Américaine 101 & ailleurs) – Pas forcément centrées mode, mais les stocks sont énormes, et les trouvailles possible. J’y ai dégotté un blouson bomber de l’armée US pour 8 euros. C’est pas le genre de pièce que tu cherches, mais quand tu tombes dessus, tu repars avec.
Schaerbeek, de son côté, regorge de petites boutiques communautaires ou de dépôts plus confidentiels. Moins sexy au premier abord, mais ultra-authentiques. C’est pas rare d’y croiser des pièces 60s italiennes ou des vestes de chantier increvables. Pas pour le look Instagram. Pour la vraie gueule.
Rock’n’déco : les friperies qui mélangent style et vinyl
Parce que s’habiller comme une rock star sans la bande-son qui va avec, c’est un peu comme un solo sans ampli. Certaines boutiques cassent les codes et proposent fringues + disques + objets vintage. Autant dire ma came.
- Pelican Fly (Rue des Capucins 7) – Petit shop tenu par un ancien DJ. L’endroit sent le cuir et le vinyle. On y trouve des pulls college, des perfectos qui puent la bière, et une sélection musicale plus crade que Rolling Stone. Très Eagles Of Death Metal friendly.
- Vinyl & Clothes (Rue du Midi) – Comme son nom l’indique. C’est pas bien grand, mais ça transpire le goût sûr. Pantalons flare, paires de boots rootsy, t-shirts période glam rock. Et un bac de galettes où on passe facilement une heure à retourner Rumours, Transformer et Company Flow en boucle.
Pourquoi c’est bien ? Parce que c’est pensé par des gars et meufs qui ont compris le lien entre look et son. Rien ne dit « j’y étais » comme une veste à clous trouvée entre deux skeuds d’Hawkwind.
Mes astuces de chineur borderline obsessionnel
Bon, maintenant que t’as les adresses, encore faut-il savoir comment chiner sans te perdre. Quelques règles qui m’ont évité de repartir avec un T-shirt deux tailles trop petit et une fausse veste Harrington fabriquée en Roumanie du Sud.
- Toucher avant d’acheter – Le visuel trompe. Une chemise qui ressemble à du coton peut être une ignoble fibre synthétique. Pose les mains. Si ça gratte, oublie.
- Sentir l’odeur – Si t’as un doute sur l’odeur, demande-toi si Kurt Cobain l’aurait supportée. Si la réponse est non, lâche l’affaire.
- Checker les coutures et l’étiquette – Une bonne pièce vintage se repère à son usure naturelle. Pas à une doublure qui part en miettes. L’étiquette t’indique aussi souvent l’origine. Un “Made in USA” des 80’s, c’est gage de solidité.
- Y aller régulièrement – Friperie = mouvement. Ce qui n’y était pas lundi pourrait y être jeudi. Et vice versa. Cunéiforme mais logique.
- Parler au vendeur.euse – Arrête de faire le timide. Ce sont eux qui savent ce qui est derrière les portants fermés. Et parfois, suffit d’une vanne bien placée pour qu’ils te sortent la pièce qui n’était « pas encore en rayon ».
Épilogue d’un flâneur à boots
Chiner du vintage à Bruxelles, c’est un sport, un art, parfois une obsession. Mais surtout, c’est une manière d’envoyer balader la fast fashion en construisant un style qui te ressemble vraiment. Le genre de look qui dit quelque chose sans en faire des caisses. Comme un riff bien sale ou une veste en cuir élimée par le temps.
Et au final, c’est ça qu’on cherche tous non ? Paraître cool sans se prendre la tête. Faire partie des gens qui ne demandent pas « où t’as acheté ça », mais qui captent direct que t’as su flairer l’affaire. Alors ouais, continue de fouiller, de marchander, de te salir les mains. Et quand ta prochaine virée te mène dans une friperie bruxelloise, pense à moi et au solo de “Search and Destroy”.
Salut aux vrais chineurs. Que le cuir soit avec vous.